LE LION ET L'ÂNE CHASSANT
JEAN de LA FONTAINE
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Le roi des animaux se mit un jour en tête De giboyer. Il célébrait sa
fête. Le gibier du Lion, ce ne sont pas moineaux, Mais beaux et bons
Sangliers, Daims et Cerfs bons et beaux. Pour réussir dans cette affaire,
Il se servit du ministère De l'Ane à la voix de Stentor. L'Ane à
Messer Lion fit office de Cor. Le Lion le posta, le couvrit de ramée,
Lui commanda de braire, assuré qu'à ce son Les moins intimidés fuiraient
de leur maison. Leur troupe n'était pas encore accoutumée A la tempête
de sa voix ; L'air en retentissait d'un bruit épouvantable ; La frayeur
saisissait les hôtes de ces bois. Tous fuyaient, tous tombaient au piège
inévitable Où les attendait le Lion. N'ai-je pas bien servi dans cette
occasion ? Dit l'Ane, en se donnant tout l'honneur de la chasse. - Oui,
reprit le Lion, c'est bravement crié : Si je connaissais ta personne et ta
race, J'en serais moi-même effrayé. L'Ane, s'il eût osé, se fût mis en
colère, Encor qu'on le raillât avec juste raison : Car qui pourrait
souffrir un Ane fanfaron ? Ce n'est pas là leur caractère.
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