Philomèle et Progné JEAN de LA FONTAINE
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Autrefois Progné l'hirondelle, De sa demeure s'écarta, Et loin des
Villes s'emporta Dans un bois où chantait la pauvre Philomèle. "Ma
soeur, lui dit Progné, comment vous portez-vous ? Voici tantôt mille ans que
l'on ne vous a vue : Je ne me souviens point que vous soyez venue,
Depuis le temps de Thrace, habiter parmi nous. Dites-moi, que
pensez-vous faire ? Ne quitterez-vous point ce séjour solitaire ? - Ah!
reprit Philomèle, en est-il de plus doux ? " Progné lui repartit : "Eh quoi
? Cette musique, Pour ne chanter qu'aux animaux, Tout au plus à quelque
rustique ? Le désert est-il fait pour des talents si beaux ? Venez faire
aux cités éclater leurs merveilles. Aussi bien, en voyant les bois, Sans
cesse il vous souvient que Térée autrefois, Parmi des demeures pareilles,
Exerça sa fureur sur vos divins appas. - Et c'est le souvenir d'un si
cruel outrage Qui fait, reprit sa soeur, que je ne vous suis pas. En
voyant les hommes, hélas ! Il m'en souvient bien davantage. "
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